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Dossier spécial grandes écoles 2009 dans l’Expansion

vendredi 27 mars 2009, par Sébastien

L’enquête du magazine l’Expansion, réalisée avec le cabinet Towers Perrin montre un fléchissement dans le recrutement des jeunes diplômés. Décrocher un bon job reste possible, à condition de faire des concessions.

Décrocher le job de mes rêves n’a plus rien d’évident depuis la survenue de la crise », constate avec inquiétude Olivier. Le jeune homme, diplômé d’une grande école depuis décembre, a envoyé une quinzaine de lettres de candidatures ciblées. Sans réponse. Pas facile à accepter quand on a été bercé par la douce mélodie du « Vous êtes les meilleurs, exigez le meilleur ». Tarie, la corne d’abondance de l’emploi automatique à la sortie des business schools ? « N’exagérons pas ! Cette année, 35 000 jeunes diplômés devraient être recrutés. Mais, il est vrai que cela représente 10 500 postes de moins que l’an dernier », souligne Jacky Chatelain, directeur général de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec). Le tapis rouge déroulé par les recruteurs va donc pâlir un peu cette année. Mais il reste solidement fixé au sol et orienté vers les bons emplois. La plupart des directeurs d’école affichent encore une sérénité qui ne relève pas que de la méthode Coué.

« Nos étudiants ne sont pas fondamentalement inquiets pour leur avenir, même s’ils sont un peu déboussolés par ce qui se passe », reconnaît Arnaud Langlois-Meurinne, directeur général de l’ESC-Rouen. « De toute façon, ils sont habitués à la sélection et ils savent que rien ne leur est dû au démarrage », explique Jean-Guy Bernard, son homologue de l’EM-Normandie. « Nous avons des indicateurs contrastés, note pour sa part Tamym Abdessemed, le directeur général de l’Escem. D’un côté, 10 à 15 % d’offres d’emploi en moins au niveau du master. De l’autre, un seul désistement sur 150 entreprises inscrites à notre dernier forum de l’emploi, Les Escemiales, en novembre dernier. » Il remet les choses en perspective : « Je pense que les diplômés vont beaucoup moins souffrir que pendant la crise de 1993, de sinistre mémoire. La recherche d’emploi à la sortie des grandes écoles était alors très longue et le taux de chômage, important. »

Car le marasme actuel présente une différence majeure avec la crise précédente : « Les entreprises doivent recruter des jeunes pour compenser les départs en retraite liés au papy-boom. Elles ne peuvent pas se permettre une politique de stop-and-go, comme pendant la bulle Internet, après laquelle elles avaient eu beaucoup de mal à séduire de nouveau les jeunes », constate Sophie Marsaudon, chargée de projets à l’association de directeurs des ressources humaines Entre-prise & Personnel. « Nous sommes, en France, face à une pénurie d’ingénieurs, accentuée par le papy-boom, confirme Sandrine Antignat, responsable de la communication à la DRH de la société de conseil et d’ingénierie en technologies Alten, cotée à Euronext. Nous continuons à recruter en CDI en étant peut-être un peu plus prudents qu’avant : nous attendons d’avoir un projet avant d’embaucher. »

Pour Bernadette Guyot, la DRH de l’ascensoriste Koné, « le diplôme d’une grande école reste la meilleure voie d’accès à des fonctions de manager de haut niveau. Mais les entreprises remettent à l’ordre du jour des embauches de diplômés moins prestigieux, moins exigeants, moins chers et plus immédiatement opérationnels sur le terrain. » Elles prennent aussi plus de temps « en allongeant le processus de recrutement à quatre mois, contre deux ou trois jusqu’à présent », observe Séverine Jauffret, directrice des relations étudiants-entreprises de l’Essec.

Dans ce contexte mi-figue, mi-raisin, les jeunes diplômés apparaissent mûrs pour des concessions, comme le montre le sondage réalisé pour L’Expansion par PlaceOjeunes, un cabinet spécialisé dans les relations entre les entreprises et les grandes écoles. « Une grande partie des débutants se disent prêts à accepter un stage, un CDD ou une mission en intérim, à défaut d’un CDI. Et à dire oui à une rémunération nettement inférieure à celle à laquelle ils pourraient prétendre », résume Nicolas Faure, le directeur de PlaceOjeunes. Paul, un jeune as de la finance d’investissement, le concède : « Je n’essaie même pas de postuler à Londres ou à New York au front office d’une banque d’investissement. Je vais chercher dans le private equity ou la gestion de patrimoine. »

« Il n’y a pas que le salaire, il faut aussi ouvrir le champ des recherches ! exhorte Christian P. Gury, directeur des carrières de l’association des centraliens de Paris. Plutôt que de se focaliser sur les éternels L’Oréal, Danone, Air France ou BNP Paribas, il faut aussi essayer d’entrer dans de belles entreprises, comme Cofinoga, Poweo, Alcatel ou Alstom. Voire lorgner du côté des PME. » Pragmatique, Grenoble-Ecole de management a démarré des speed datings entre étudiants et entrepreneurs de la région Rhône-Alpes. Responsable de l’espace carrières de cette école, Susan Nallet recommande « d’accumuler de l’expérience professionnelle car les recruteurs ne veulent pas prendre de risques et vont privilégier les postulants déjà opérationnels ».

La voie est libre aussi pour que les services carrières des grandes écoles rivalisent d’ingéniosité. Recrutement de consultants supplémentaires ; multiplication de rendez-vous en face-à-face et d’ateliers du type « Comment affronter les nouvelles conditions du marché » ; relance téléphonique des entreprises pour dénicher les offres d’emploi plutôt que de se contenter d’attendre... Des clubs Emploi qui sommeillaient ont repris vie, des anciens viennent en classe conseiller les jeunes. « Doper son CV, préparer avec soin ses entretiens, adopter une démarche proactive et marketing sont plus que jamais essentiels », insiste Manuelle Malot, directrice carrières et prospective de l’Edhec.

Cette spécialiste de l’emploi recommande de se concentrer sur les fonctions qui génèrent des gains - le commercial en tête - et sur celles qui réduisent les coûts et les risques - contrôle de gestion, risk manager, juridique ou inspection générale. « Sur les 2 000 recrutements de jeunes diplômés que nous prévoyons cette année [contre 2 300 l’an dernier], les deux tiers concernent la banque de détail : conseillers d’accueil, de clientèle, de gestion de patrimoine, chargés d’affaires financement », détaille Anne Marion-Bouchacourt, DRH de la Société générale. Autre option : concentrer ses recherches sur les métiers qui permettent d’externaliser les coûts, comme l’informatique, et sur ceux qui présentent un caractère obligatoire pour l’entreprise, comme l’audit. Pascal Collardey, le DRH de KPMG, annonce le recrutement de « 1 200 personnes [200 de moins que l’an dernier], dont 800 en CDI. Les trois quarts concernent les jeunes diplômés. » Et d’ajouter : « Mais ces chiffres seront réexaminés en avril, à la lumière de l’évolution du chiffre d’affaires et des besoins. » On n’est jamais trop prudent.

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